Comment vivre de sa micro-brasserie : Interview de Quentin MANGEL micro-brasserie artisanale du Vallon

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Comment vivre de sa micro-brasserie : Interview de Quentin MANGEL micro-brasserie artisanale du Vallon

Via cette interview, vous allez découvrir son parcours et comment vivre de votre passion la micro-brasserie. Une Interview de Quentin MANGEL micro-brasserie artisanale du Vallon.

Je suis Raphaëlle, graphiste culinaire spécialisé dans le craft et j’ai réalisé l’interview de Quentin Mangel, artisan brasseur et créateur de la micro-brasserie La Brasserie du Vallon.

Salut Quentin, peux-tu te présenter ainsi que ton site et blog?

Salut, moi c’est Quentin, 25 ans, Alsacien depuis toujours. Artisan brasseur professionnel de la brasserie du Vallon depuis 2016 et ingénieur en systèmes industriels depuis 2018. Je suis un grand curieux, amateur de sciences et de techniques, passionné de bières et de brassage depuis mes 18 ans !

À mes débuts en tant que brasseur amateur en 2013, étant un grand bavard. J’ai pris l’habitude de partager ce que je faisais sur le forum brassageamateur.com. Puis en parallèle de mon projet de création de micro-brasserie professionnelle en 2016. J’ai commencé à relater mes péripéties administratives, mes lectures, mes recettes et mes expériences brassicoles sur un modeste blog, brasserieduvallon.fr.

 

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Son blog qui attire aujourd’hui entre 5000 et 7000 visiteurs par mois, avec parfois des records de fréquentation à 9000/mois. C’est 6× le nombre d’habitants de mon village, je trouve ça fou !

Depuis quand brasses-tu ta bière et pourquoi (ou comment ça a commencé) chez brasserie du Vallon ?

Comme dit précédemment, j’ai commencé à brasser en 2013. C’était l’année de ma majorité et de mon premier appart’. C’était du bricolage au début mais ça m’a plu. J’ai continué et après moult expériences et des dizaines de lectures inspirantes, en 2016. je me suis enfin senti prêt pour lancer (en tant qu’auto-entrepreneur) ma micro-brasserie professionnelleou plutôt pico-brasserie en fait, avec des cuves de 100L et un petit chauffage gaz, dans le garage de mes parents à Steinbach. Dans la rue du vallon : c’était la naissance de la Brasserie du Vallon !

 

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J’ai commencé par produire moins de 100L par mois. La première année, en brassant les weekends, pendant que je continuais mes études d’ingénieur.

Quel type de bière préfères-tu?

Les brunes, clairement ! De style anglais, Porter ou Stout de préférence. J’aime moins les Schwartzbier ou les Dunkelweizen allemandes, je ne sais pas pourquoi. Et les brunes belges sont généralement trop alcoolisées à mon goût.

J’aime bien les sour aussi, mais quand je veux me faire plaisir, les saveurs de café/chocolat des bières brunes et leurs saveurs intenses c’est ce que je préfère. Je suis amateur de café aussi, ça joue…

Quel conseil donnerais-tu à un(e) débutant(e)?

Mes deux meilleurs conseils pour débuter ça serait de lire de bons livres de brassage (c’est d’ailleurs pour en faire la promotion que j’ai créé mon second blog https://livres-de-brassage.fr). Et côté technique de brassage, je dirais qu’il faut surtout chercher à bien maitriser sa fermentation (notamment la quantité de levure et la température).

Lire des bons livres de brassage a été une étape cruciale dans mon apprentissage. Notamment des livres en anglais comme la série « Brewing Elements ». Et en plus de ça, ce qui m’a beaucoup aidé à progresser rapidement. Ce sont mes nombreuses expériences en petit volume et ma prise de notes extrêmement rigoureuse.

L’habitude de suivre le processus de très près et de tout noter clairement (volumes, poids, températures, durées, réglages, pH…). C’est une déformation professionnelle plutôt avantageuse que je dois à ma formation d’ingénieur en systèmes industriels il me semble. Et pour ça, avoir un bon support, une bonne fiche de brassage, ça aide beaucoup ! Bref, je recommande aussi de prendre des notes pour se souvenir exactement de ce qu’on a fait, et pouvoir le reproduire ou l’améliorer.

Pourquoi cet engouement autour du monde brassicole ?

Un nécessaire retour aux sources, au local, à l’artisanal, aux bons produits savoureux et produits consciencieusement avec respect des clients et amour du bon goût. Mais aussi un retour aux valeurs humaines essentielles de partage et d’amitié que la bière représente si bien ! Dans notre société hyper connectée les gens sont pourtant de plus en plus déconnectés les uns des autres. Ce n’est pas humain, nous sommes des animaux sociaux.

La bière artisanale, les bars et autres brewpubs, les fêtes de la bière, le partage lors d’apéros entre amis de nos dernières trouvailles artisanales ramenées de vacances.

Toutes ces choses sont finalement un remède comme un autre face à la situation sociale actuelle qui n’est pas radieuse à mes yeux.

Et c’est sans parler de la nécessaire transition écologique, du consommé local, de l’exploitation et l’aliénation des travailleurs dans les grandes usines… mais si je me lance là-dedans je vais faire une dissertation indigeste.

Bref, j’espère que ce n’est pas une mode mais bien une réelle prise de conscience des gens globalement. J’espère que ce n’est pas juste un phénomène temporaire où finalement des industriels vont tout racheter. Et produire des bières « artisanales » spéciales pour tirer des thunes en masse de ce nouveau segment de marché que sont les « beergeek hipster » de la capitale et autres grandes métropoles. (ce qui se passe un peu aux USA actuellement avec AB InBev qui rachète des artisans…)

Il faut garder les pieds sur terre et aussi savoir produire des bonnes bières artisanales pour tous les jours. Et pas seulement se faire la course à qui sera le plus innovant avec des ingrédients ou des processus spéciaux. Quoi qu’il en soit, je vais tout faire à mon niveau pour que ce mouvement continu dans la bonne direction !

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On a besoin de lieux d’échange et de partage, donc ça ne peut pas durer éternellement sinon on va tous finir déprimés.

Une anecdote rigolote ou sympa à partager?

👉   Si vous voulez savoir la suite rendez-vous sur le blog de Quentin.

Est-ce que tu peux nous expliquer les étiquettes que tu as créée pour la bière et l’hydromel ?

Mes étiquettes ont une particularité, elles sont très minimalistes.

En fait, étant un peu écolo-anarcho-anti-capitaliste, j’ai une sainte horreur de la publicité, des marques, des slogans, des modes…

C’est là tout le paradoxe, puisque dans les faits, je participe au marché capitaliste en créant mon entreprise. En surfant sur la mode des bières artisanales et il me fallait bien une image de marque pour évoluer dans tout ça !

Il a donc fallu trouver une identité et des codes visuels qui me correspondent… Heureusement que j’avais une amie graphiste, qui m’a énormément aidé pour ça !

Je n’apprécie pas de voir mon espace visuel encombré par des visuels trop colorés, agressifs, et des textes cherchant trop à attirer mon attention.

Donc la face avant, de mes étiquettes est occupée par un simple motif rond, forme parfaite s’il en est, avec des couleurs harmonieuses et généralement assez douces.

C’est seulement si le client fait la démarche de prendre la bouteille en main et de la retourner qu’il a accès aux informations sur le contenu de la bouteille.

D’autres brasseries ont d’ailleurs adopté la même démarche, comme notamment Omnipollo avec leurs motifs originaux et aucun texte sur la face avant.

Ce faisant, je n’impose pas mon texte aux personnes, je n’essaye pas de les attirer ou de les convaincre. Ce sont eux qui font la démarche de chercher ou non les informations qu’ils veulent à propos de mes bières et hydromels. De toute façon je ne vendrais jamais dans la grande distribution par philosophie. Parce que c’est un mode de consommation que je trouve détestable, je préfère largement la vente en direct à la brasserie ou sur les marchés.

Donc dans mon contexte particulier ce n’est pas grave si je n’attire pas immédiatement l’œil du client avec ma marque ou du texte. Il était plus important pour moi de faire de belles étiquettes qui me correspondent vraiment et qui évoquent chacune à leur manière l’esprit de la bière qu’elles habillent ! 

“il me fallait bien une image de marque pour évoluer dans tout ça !”

Quelles sortes de bière brasses-tu ?

En blaguant avec un ami, j’ai une fois trouvé une formulation de phrase qui répondait bien à cette question : « Au fond je suis un artisan brasseur égoïste ! Je brasse ce que j’ai envie de boire quand j’ai envie de le boire. »

En fait ma brasserie n’a pas de gamme fixe, je m’ennuierai à la longue. Et tout le plaisir du brassage pour moi depuis mes débuts en tant qu’amateur c’est d’expérimenter des recettes originales et de me lancer des défis parfois : blanche aux graines de moutarde, ambrée à l’aspérule, blonde sour au vin nouveau, rousse à 2.7% d’alcool, IPA aux houblons 100% Alsaciens, ambrée fumée, blanche au sel de mer, blonde sour à la pulpe de café, hydromel en tout genre, bière au poivre, pils aux fleurs d’achillée millefeuille, brune vieillie en barrique de rhum…

Bref, tout dépend des saisons et des inspirations !

Je refais parfois certaines bières que j’aime, comme la « Pâtissière » dont j’ai déjà brassé 8 versions différentes. Le concept et le nom restent les mêmes : une bière brune avec très peu d’amertume et beaucoup de douceur, aux saveurs chocolatées provenant des malts, et fruitées grâce aux houblons !

Mais je change toujours un peu la recette, entre deux versions : la V7 se différencie de la V6 parce que j’y ai ajouté de l’avoine pour en augmenter encore la douceur, et la V8 se différencie de la V7 parce que j’ai fait une bière plus forte en alcool et en goût pour la saison froide qui arrive, et aussi parce que j’ai arrêté d’utiliser du houblon américain importé (pas écolo) pour prendre 100% de houblon d’Alsace !

Tu es plutôt « Petite mousse entre amis » ou « Petite mousse en solo »?

Étant donné ma réponse à la question précédente, la réponse est ici évidente : entre amis !

D’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’une de mes dernières bières, une blonde généreuse, se nomme « Lien Social » ????

Un dernier mot pour la fin

Malgré le contexte, qui nous dirige vers des années instables et parfois difficiles financièrement pour certains. Je pense que l’avenir est néanmoins radieux devant nous, plein d’opportunités à saisir, de choses à créer et qu’on peut vraiment le façonner à notre guise si on y met assez d’énergie… Bref, créons le monde dans lequel on veut vivre ! Et cette phrase ne s’applique pas qu’au monde du brassage et de la bière.

Un grand merci à Quentin artisan brasseur pour sa gentillesse, son amour et sa passion pour le monde brassicole https://brasserieduvallon.fr/

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