Un sujet qui me tient à cœur.
Durant plus de 130 ans, la maison Brusson à Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne, a inondé le marché mondial de ses pâtes, pain, biscottes… et les emblématiques vermicelles, appelés les Cheveux d’Ange. Cette histoire familiale fait partie de la vie de ma famille et personnellement elle me passionne. Je vais vous parler du parcours exemplaire d’une entreprise familiale : Brusson jeune 1872-1972.
ce qui me concerne j’ai rencontré mon mari à Villemur sur Tarn. C’est sa ville natale. De même il ne se passe pas une année sans parler de cette usine, et de son histoire. De surcroît elle fait partie de sa jeunesse et de notre histoire.
Une politique de communication révolutionnaire pour l’époque avec des packaging avant-gardiste, de la création de machine maison que ce soit pour du packaging ou de la création de machine à pâte. L’utilisation des moyens sur place comme d’une minoterie et pour finir la création de plusieurs milliers d’emploi dans la région.
Un grand nombre de gourmands le disent tout comme moi-même : seuls les Cheveux d’Ange remplissent avec brio, ce plaisir du bon bouillon de pot-au-feu, des repas d’hiver.
Cette une magie culinaire qui sublime par ces petites pâtes lorsque le pot-au-feu en est agrémenté ! Mais les très fins vermicelles, nés après la guerre sous la marque Supralta (contraction de super-alta !) sont plus que cela. Ils sont les derniers survivants des établissements Brusson dont les vestiges dominent encore la ville de Villemur-sur-Tarn. C’est là, au nord de Toulouse, qu’est née l’entreprise familiale, en 1872. Son créateur, Jean-Marie Elie Brusson, sera l’architecte de cette réussite.
Forte de son succès, l’entreprise familiale construira des ateliers et des bureaux de plus de 15 000 m2 et plus de 600 personnes seront employées.
Pendant que la deuxième Guerre Mondiale éclate. Plus de 7 500 tonnes de pâte, destinées à divers produits, se fabriques annuellement sous la marque «Brusson jeune» alors à son apogée…
Un succès mondial !
Le succès deviendra mondial. Il est dû à une vraie politique commerciale, avant-gardiste et à une immense gamme de produits inventés au fil des décennies, traversant les événements nationaux qui les ont jalonnées. L’entreprise conçoit tout de A à Z, de la machine à pâte, en passant par les machines servant au conditionnement ou encore à l‘impression des emballages. Tous sont dotés d’un emballage précurseur, apanage de l’entreprise qui développe même une branche de cartonnage employant maquettistes, graveurs, imprimeurs !
J’ai trouvé chez mon brocanteur préféré un grand catalogue de pâtes, une affiche faite à la main, un packaging et une P.L.V. avant-gardiste. (ci-dessous)
C’est une publicité sur lieux de vente de la marque Brusson jeune avec des packaging des cheveux d’ange
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Le déclin, de la maison Brusson jeune.
Il se succédera plusieurs générations dont le petit fils André Brusson qui dirigera dès 1925 la société avec l’autre petit fils Jean. Elle finit par être rachetée par Panzani en 1971. Au début des années 80, elle n’emploie plus que 120 salariés. Bien que la défaillance successive de deux gros clients handicapent gravement l’entreprise. De ce fait elle doit se restructurer à nouveau. Le dépôt de bilan, inéluctable arrive en 2006 entraînant 30 licenciements. L’entreprise se fait rachetée par une première entreprise espagnole en 2010 puis par l’espagnol Brussanges en 2012.
En décembre 2014, un incendie ravage une partie des ateliers de Villemur. À quatre mois d’incertitude succédera le soulagement de trouver des locaux à Bessières. Panzani, qui continue à distribuer les cheveux d’ange, avait pesé sur Brussanges pour que la production reprenne. Enfin, il y a eu ce jour noir de juin 2018 où l’accès de l’usine a carrément été interdit aux salariés, Brussanges ayant définitivement délocalisé la production en Espagne au grand désespoir des salariés.
La fin de la maison Brusson jeune.
Après 146 ans d’activité, c’est la fin des établissements Brusson Jeune. Une page se tourne définitivement. Marie-Claude est de ces sacrifiés. Elle ne veut «plus évoquer cette triste époque» confiant juste : « Mes plus belles années étaient celles avec les Brusson, une vraie entreprise familiale qui respectait ses employés. En vacances, il me tardait de revenir au travail…». Elle retient une larme. Ainsi derrière elle, à l’horizon, l’usine de briques roses est elle aussi plongée dans le silence. Magnifique patrimoine industriel surplombant le fleuve, elle attend une bonne âme qui, un jour peut-être, lui offrira une nouvelle vie, différente.
Qui suis-je ? J’aide les entrepreneurs de la food à créer une marque forte.